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Les attaques de drones navals ukrainiens obligent la flotte russe à quitter la Crimée

Alors que les Ukrainiens multiplient, depuis de longs mois, les attaques contre la péninsule de Crimée annexée par la Russie en 2014, Moscou poursuit son redéploiement militaire en mer Noire. Cette évolution, attestée par plusieurs sources concordantes, résulte des importants dégâts causés en Crimée par les missiles de longue portée occidentaux utilisés par les Ukrainiens, mais aussi de l’essor des drones navals, dont Kiev a fait une de ses spécialités.
Plusieurs déclarations américaines et ukrainiennes, faites début juillet, laissent même entendre que la flotte russe de mer Noire serait en phase de quitter la Crimée. Les Ukrainiens « ont coulé le dernier navire de guerre équipé de missiles de croisière dans le port de Sébastopol », a ainsi assuré, le 8 juillet, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. « La flotte russe de la mer Noire a été contrainte de transférer la quasi-totalité de ses navires de guerre prêts au combat vers d’autres sites », a pour sa part déclaré, le 15 juillet, le chef de la marine ukrainienne, le vice-amiral Oleksi Neïjpapa.
Cette adaptation du dispositif naval russe n’a pas été officiellement confirmée par le Kremlin. Selon nos informations, il reste encore quelques bâtiments de combat dans le port de Sébastopol. La très grosse attaque à laquelle Moscou a riposté, jeudi 18 juillet, en affirmant avoir détruit notamment une dizaine de drones navals, en atteste à sa manière. Il y a toutefois bien une baisse continue du nombre de navires russes dans le port de Sébastopol, selon l’analyse d’images satellitaires réalisée pour Le Monde par l’entreprise Masae Analytics, sur une période allant du 21 mars au 14 juillet.
Cette réalité coïncide avec un autre mouvement, identifié le 3 juillet, et étayé, lui aussi, par de l’imagerie satellitaire : l’arrivée, pour la première fois, à Otchamtchire, un port d’Abkhazie – une région séparatiste de Géorgie située sur les rives de la mer Noire –, d’un remorqueur russe. « Il s’agit d’une évolution stratégique significative qui pourrait ouvrir un nouveau chapitre », a confirmé au Monde l’analyste britannique H.I. Sutton, spécialisé dans le renseignement en source ouverte (Osint), qui a détecté ce mouvement.
Jusque-là, ce patrouilleur russe était ancré dans le port de Novorossiïsk, en territoire russe, où la Russie a commencé à mettre à l’abri bon nombre de ses navires de guerre déployés précédemment à Sébastopol. Le bâtiment a disparu des images satellitaires le 1er juillet, pour réapparaître dans les eaux de Géorgie le 3 juillet, soit quelque 400 kilomètres plus au sud. Ce navire est le premier repéré à Otchamtchire, mais d’autres pourraient suivre, estiment les spécialistes.
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